Introduction : A cette époque, les rois, comme les empereurs romains avant eux, envoyaient les meilleurs en découdre dans l’arène, pour une belle dame, pour un territoire, ou pour l’honneur. C’était la Guerre de Cent Ans. Aujourd’hui, les armes sont plus mouchetées, les belles dames ont d’autres critères d’appréciation, et le champ clos est plein de caméras. Le récit de Moreau qui en est l’auteur est d’une lecture agréable. Source : Revue Anglo-Française – T. 3 – Poitiers – 1836

Un combat en champ clos, à Montandre [1], au commencement du XVe siècle (1402). Lorsque l’antique Aquitaine, qui depuis Auguste s’étendait jusqu’à la Loire, rentra au moyen-âge dans sa première circonscription, et prit le nom de Guienne, ses limites septentrionales furent fixées à peu de distance de la Gironde, sur le territoire des anciens Santons. Ces frontières furent appelées marche [2] de Guienne ; et, du côté de la Saintonge, plusieurs châteaux furent édifiés pour former une ligne de défense [3]. Cognac , Mirambeau, Montandre, Monlieu , Monguyon [4], en opposant leurs remparts aux entreprises des ennemis, firent plus d’une fois respecter la Saintonge. Montandre surtout, le plus avancé dans la marche, avec ses tours élevées jusqu’aux nuages, arrêta les plus intrépides. C’est à l’aspect de son donjon, au commencement du XVe siècle [5], que fut livré un de ces combats singuliers, si communs à cette époque, combat anglo-français , auquel Montandre doit attacher son nom. Montandre, ou Mont Andronis, était, au Xe siècle, un castrum qui relevait de la couronne, et servait de manoir à un de ces nobles barons qui, ne reconnaissant d’autre suzerain que le roi de France, marchaient au premier rang avec les sires de la comté de Saintonge Mais lorsque cette province devint possession anglaise, par suite du divorce de Louis-le-Jeune avec la reine Aliénor, et du mariage de cette princesse avec un Plantagenet, Montandre suivit le sort de toute l’Aquitaine, et cette châtellenie fut assujettie à l’hommage lige envers le souverain anglais. Au XIIe siècle, le fils de Gifar, un certain Guillaume [6], s’honorait de porter le nom de sa terre, et se faisait appeler Montandre. Souvent, après avoir fait brandir sa lance sur son donjon, il courait prendre ses ébats dans sa châtellenie de Didonne [7], et promenait ses regards inquiets sur le fleuve de la Gironde, où le pilote saintongeois osait braver les écueils. Vers 1236, un descendant de Guillaume, Hugues de Didonne, quatre fois baron, parce qu’il possédait quatre baronnies, Didonne, Tonnay [8], Royan [9], Montandre, fier de ces hautes dignités, exerçait des violences sur le clergé de son voisinage, et, à l’instar des sires ses contemporains, après avoir vexé le prêtre, il expiait ses fautes en donnant à l’Eglise une partie de ses biens. Pendant les longues divisions qui régnèrent entre les deux États de France et d’Angleterre, durant la séculaire alternative de possessions continentales, la plupart des seigneurs de Saintonge, sans énergie comme sans caractère, se rallièrent toujours aux vainqueurs. Lors de la révolte du comte de la Marche, fomentée par la reine Isabelle ; lors de la conquête de saint Louis, et du traité qui fixa à la Charente les limites des deux États, ils furent, selon les circonstances, hommes de deçà ou de par-delà, c’est-à-dire de France ou d’Angleterre : mais ceux de Montandre conservèrent une fidélité inviolable ; quoique leurs terres fussent tombées au pouvoir anglais, plusieurs restèrent au service de la France ; et, au jour fatal de la bataille de Poitiers [10], le seigneur de Montandre partagea le sort de Jean, et eut l’honneur d’être fait prisonnier à côté du monarque [11]. Trois siècles de rivalité avaient affaibli les deux nations ; la haine que l’Anglais portait à la France, depuis les conquête » des Normands, ne fut point assouvie, quand cette même France abandonna les belles provinces de la dot d’Aliénor. Depuis cette déplorable époque, l’Anglais eut long-temps le pied sur le sol français. La confiscation faite par Philippe-Auguste, les batailles de Taillebourg et de Saintes, les victoires de du Guesclin, ne purent l’éloigner que par instans. Crécy, Poitiers, ces journées de deuil pour le pays, ramenèrent avec elles l’insulaire, qui s’affermit davantage sur le continent. Avant le traité de Brétigny [12], en vertu duquel toute la Saintonge fut cédée aux Anglais, la garde du château de Montandre avait été confiée à des agens britanniques ; on y avait vu commander Aimond Arnaud, le sergent Bernard , Pierre Montauzer, Arnaud de Garcie, Pierre de Castillon [13]. Après le traité, ce château fut mis entre les mains de Soudan de Latrave, non moins chaud partisan de l’Angleterre. Mais en 1402, époque du combat de Montandre, le château devait appartenir à la France [14] ; il était réputé frontière a cause de sa situation sur la marche de Guienne, limites des possessions anglaises signalées comme rendez-vous aux preux qui devaient combattre [15].

A cette époque l’Angleterre était dans la détresse, la France aux abois, en proie à de continuelles dissensions ; ces deux Etats étaient énervés. Sur le continent, l’ambition des princes, se disputant la régence, lors de la minorité de Charles VI, avait fait naître des discordes que la démence du monarque entretenait. Chez les insulaires, les intrigues du duc de Lancastre, surgissant de l’impéritie de Richard II, avaient allumé la guerre civile. Les deux nations, déchirées l’une et l’autre au dedans et au dehors, avaient besoin de tranquillité. Richard, né dans la Guienne, en épousant Isabeau, fille de Charles VI, amena une trêve désirée ; et le duc d’Orléans, oncle de la princesse, faisant un traité d’alliance avec le duc de Lancastre, semblait promettre la paix : vain espoir ! le parti du duc prévalut en Angleterre ; le malheureux Richard, arrêté, emprisonné, est mis à mort, et Lancastre, parvenu sur un trône ensanglanté, règne sous le nom de Henri IV. Bordeaux refuse le serment au nouveau roi, la reine Isabeau est rappelée en France, et le duc d’Orléans, furieux contre le roi d’Angleterre, lui porte d’insolens défis. Il lui écrivait : « Jeunesse que mon cœur requiert employer à aucun fait pour acquérir bonne renommée, me fait penser de faire métier d’arme, et que plus honorablement ne pourrois acquérir que d’être en une place où fussions nous deux accompagnés, chacun de son côté, de cent gentilshommes à un combat jusqu’au rendre. » Sur quoi il fut répondu par Henri : « Nous irons personnellement dans notre pays par-delà, accompagnés de tant de gens qu’il vous plaira, lesquels nous réputons tous nos loyaux serviteurs sujets, et aucun pour y conserver notre droit. Vous pouvez mettre en tel nombre de gens comme mieux vous semblera pour acquérir honneur, soit pour combattre entre nos deux personnes, laquelle chose nous désirons plus qu’autrement, que tout le monde sache que notre réponse ne procède point de présomptuosité de cœur, et mettre en reproche nul prud’homme qui a son honneur cher ; non-seulement pour faire abattre la hautesse de cœur et surquidance de celui quel qu’il soit qui ne sait discerner quel est lui-même. » Et le duc d’Orléans de répliquer : « Ce que vous avez écrit que celui qui ne sait discerner en quel état il est soi-même, qui veut élire gens sans reproche, sache que je sais que je suis et ceux de ma compagnie , et vous le mande, et vous le trouverez que nous sommes tous prud’hommes et loyeaux ; et que par tels nous tenons et réputons, et nous savons bien et saurons (si Dieu plaît) garder et faire autre chose que loyeaux, prud’hommes et gentils ne doivent faire ne par écrit, ne par dit, ne par fait ; mais, vous et vos gens, regardez à vous et m’écrivez sur toute chose votre intention, laquelle chose je désire savoir moult en bref. » Henri répondit : « Vous dites que ceux de votre compagnie et vous êtes tous prud’hommes et loyeaux et pour tels réputés. Touchant votre compagnie, nous ne leur réprouvons pas, car nous ne les connaissons pas ; mais quant à votre personne, nous ne vous réputons pas pour tel, toute chose considérée [16]. » L’entrevue qui devait suivre ces bravades n’eut point lieu. Les princes ne comparurent personnellement ni l’un ni l’autre ; mais un combat en champ clos fut livré entre sept Français au service du duc d’Orléans et sept Anglais désignés par le roi d’Angleterre. Ce fut à la vue du castrum de Montandre [17] que ces athlètes se portèrent leurs coups. Sur un sol composé de sable et de poudingue ferrugineux [18] s’élèvent six mamelons, sorte de dunes diluviennes, où la matière arénacée que le temps avait consolidée est redevenue meuble par le soc du laboureur. L’Andronis domine sur ces collines environnantes, comme le mont Capitolin sur les six collines de Rome. C’était sur ce mont Andronis, élevé de 800 pieds au dessus du niveau de la mer, qu’était construit le castrum , le géant de la marche de Guienne ; et c’est à l’opposite, sur le sable du monticule de l’ouest, que coula le sang des combattans. C’était alors un goût général chez les deux nations que les combats singuliers [19], soit combats à outrance comme celui des trente [20], conduits par le français de Beaumanoir et l’anglais Richard Pembroke, soit de simples spectacles de faits d’armes pour des récréations royales, comme la joute du pas de Sandricourt [21], exécutée par dix jeunes Français, et le tournoi de Windsor, ordonné par Richard II [22]. Celui de Montandre ne fut pas de ces joutes futiles, Inventées pour le plaisir des dames, où de simples rubans étaient les prix de la victoire ; mais un combat opiniâtre où l’honneur du preux n’était pas séparé de celui de l’Etat. Les deux armées se placèrent dans la plaine ; les compagnies françaises qui tenaient Mirambeau, St-Maigrin, Archiac [23], se rendirent sur la marche de Guienne, et vinrent occuper les sables de Montandre, sous les ordres d’Harpedane, qui se trouvait avec Rutland dans l’Andronis, tandis que les troupes anglaises, arrivant des bords de la Gironde, se rangèrent dans la même plaine vis-à-vis les premières. Ainsi les armées rivales, s’étendant au pied du castrum , formèrent un vaste cercle de lances autour d’un tertre destiné à être foulé par des braves. Jean Harpedane [24], vicomte d’Aunai, .alors sénéchal de Saintonge, fit tout préparer pour le combat. Il présidait la bataille au nom de Charles VI qu’il représentait. Le roi d’Angleterre Henri avait, de son côté, député le comte Rutland [25] pour le même objet. Les Français qui devaient combattre, tous réputés preux, parurent à Montandre ; ils avaient à leur tête Guillaume de Barbazan. Marchaient à la suite, Guillaume Duchâtel de Basse-Normandie, Archambeau de Villars, Colinet du Brabant, Guillaume Bataille, Caronis [26] et Champagne [27]. Les Anglais avaient pour chef Scales ; les six autres se nommaient Aimar Clouet [28], Jean Héron , Richard Witevalle [29], Jean Fleuri, Thomas Trays et Robert Scales [30]. Tous étaient armés de la lance et de la hache , et portaient au bras le bouclier carré [31]. L’heure du combat arrive ; les sept Français, sortant du temple de la prière, se dirigent sur le champ de bataille où leurs adversaires les attendaient. Les preux sont en présence, sur la hauteur qui fait face à l’Andronis. Barbazan exhorte les siens à combattre pour l’honneur de la France. Le sénéchal Harpedane donne le signal ; un héraut s’écrie : Que chacun fasse son devoir ! Les guerriers alors s’avancent les uns vers les autres, pour combattre à la lance. Barbazan attaque le premier le chevalier de Scales ; chacun choisit son adversaire ; les armes se croisent, se choquent, se brisent ; et, après ces premiers faits à la lance, les combattans jettent cette arme, saisissent la hache, et se disposent à se porter de plus rudes coups. Le plus redoutable des Français était Duchâtel, qu’une haute stature, qu’une force prodigieuse rendaient un puissant athlète ; aucun Anglais n’osait se mesurer avec lui. Cependant le combat à la hache s’engage, chaque Français est aux prises avec un Anglais ; toutefois deux de ces derniers se précipitent en même temps sur Duchâtel, son bras adroit et nerveux tint bon contre ses ennemis qui attachaient à sa défaite l’espoir de la victoire. Cependant Archambeau, demeuré sans adversaire , tombe sur Robert de Scales qui en était aux mains avec Caronis, et, le frappant à la tête d’un violent coup de hache, l’étend mort à ses pieds. S’élançant aussitôt vers Duchâtel, il rend le combat égal Champagne, de son côté, combattait avec ardeur. Ce jeune chevalier n’avait encore essayé ses forces dans aucune rencontre ; le premier, il s’était présenté pour être un des champions de Montandre ; mais le duc d’Orléans dont il était aimé, craignant pour son inexpérience, n’avait consenti qu’avec peine à le laisser partir [32] ; néanmoins ce jeune guerrier prouva, par ses essais, qu’il ne cédait en rien aux héros ses compagnons d’armes ; il terrassa son adversaire et le força de lui demander quartier. Les Français avaient l’avantage sur tous les points, excepté là où combattait Guillaume Bataille. Le malheureux fut abattu par son ennemi ; cependant les siens viennent à son secours, et bientôt tous les Anglais sont vaincus [33]. Telle fut l’issue de ce combat célèbre, livré en présence de deux armées., et devant les hauts barons de Saintonge, châtelains de St-Mégrin, Archiac, Pons, Matha. Le sénéchal de Saintonge [34] ramena les Français victorieux auprès du monarque. Barbasan , leur chef, fut appelé chevalier sans reproche ; le roi fit graver ce titre sur l’épée d’honneur dont il lui fit présent, y ajoutant cette devise : Ut lapsu graviore ruant. Ce combat, raconté de plusieurs sortes par les historiens, rendit célèbre le château de Montandre ; néanmoins la tradition n’en a pas conservé le souvenir, et l’on ignorerait ces faits d’armes si l’histoire ne les eût fixés dans ses pages [35]. Cinquante années s’étaient écoulées depuis le combat des quatorze preux, et les Anglais étaient encore maîtres de Montandre. Le maréchal de Brosse en fit le siége, le prit d’assaut et fit raser les fortifications ; elles tombèrent ces tours qui avaient bravé les efforts de tant d’ennemis. Peu de temps après, les Anglais, encore une fois maîtres de la Saintonge, rentrèrent dans cet Andronis, alors sans défense ; mais le fils de Jean de Brosse, après avoir contribué à délivrer la France de Talbot, vint les chasser pour toujours. J’ai marché dans les sables de Montandre, j’ai gravi sur son sommet ; j’ai consulté les ruines du castrum ; j’ai interrogé la population : un seul vieillard m’a montré l’une des six collines, et m’a nommé la Motte-à-Vaillant. Celle de l’Andronis, quoique privée de ses antiques fortifications, a conservé son aspect imposant. On aime à voir, de son sommet, le vaste horizon qui se montre sans obstacle dans toute l’étendue de sa circonférence, avec les sinuosités nébuleuses des hauteurs de Pons, Mirambeau, Monlieu, et la barque que le nautonier conduit sur la Gironde. C’est au pied de l’Andronis que sont construites l’église, la halle et les demeures agglomérées qui constituent le bourg. Une autre colline est maintenant ombragée de pins maritimes ; une troisième est consacrée à la culture de la vigne. On voit, sur d’autres, des moulins exposés à l’utile influence de tous les vents ; mais la plus intéressante est celle de l’ouest, à cause des souvenirs qui s’y rattachent, celle où la victoire de sept Français sur un pareil nombre de champions d’Angleterre vint ouvrir le XVe siècle par le combat des quatorze. Ce tertre garda le nom de la Motte-à-Vaillant, pour témoigner aux siècles avenir que des preux de France et d’Angleterre, neuf versèrent leur sang pour soutenir l’honneur des deux nations rivales [36]. MOREAU (de Saintes).

Notes

[1] Montandre ou Montendre, chef-lieu de canton de l’arrondissement de Jonzac, département de la Charente-Inférieure. C’était, à l’avènement de la famille capétienne, une grande châtellenie. En 1334, elle fut mise au nombre des cinquante qui composèrent le comté de Saintonge et relevaient du duché de Guienne. Ce qui se voit par l’état que fit faire Edouard III , pour déterminer la valeur de l’arpent dans chacune de ces châtellenies.

[2] On appelait marche, les frontières d’un pays ou l’on établissait des fortifications pour en défendre l’entrée ; de là le nom de marquis donné à celui à qui était confié le commandement d’une marche.

[3] Une lettre-patente de Charles VI, publiée par Godefroy, porte : que voulant user de « s prérogatives royales, il appliquait à son domaine les châteaux et autres lieux étant « en la frontière des ennemis près Bordeaux, où pourroit descendre nombre de gens , pour grever notre royaume et notre pays de Saintonge. »

[4] C’étaient autant de castellum situés sur la frontière de Saintonge : plusieurs offrent des restes de constructions du moyen-âge.

[5] Le 19 mai 1403.

[6] Cartulaire de l’abbaye de Vaux en Saintonge.

[7] Didonne était l’une des plus anciennes châtellenies de Saintonge ; elle était située près de la Gironde, commune de Semussac, arrondissement de Saintes. La charte de fondation de l’abbaye de Saintes fait mention de Didonne, en 1047.

[8] Tonnay-Charente, sur le fleuve du même nom.

[9] Royan, à l’embouchure de la Gironde, département de la Charente-Inférieure.

[10] Les seigneurs do Pons, de Tonnay-Charente et de Surgères, se trouvèrent à cette bataille. Les deux premiers y furent tués.

[11] Froissart.

[12] En 1360, par le premier article, la Saintonge, en-deçà et au-delà de la Charente, est accordée aux Anglais.

[13] Rôles gascons.

[14] En 1370, Charles V ayant cité le prince de Galles à se présenter en personne à la Chambre des Pairs, pour ouïr droit sur ses complaintes et griefs, dont ses sujets clamoient droit en cour, le priuce de Galles répondit qu’il comparaîtrait suivi de 60,000 hommes. La Cour des Pairs déclara alors, par arrêt, toute la Guyenne confisquée au roi. (Théodore deBlois.)

[15] Allain Chartier.

[16] Duchêne.

[17] Le héraut chargé de porter le cartel en Angleterre, dit, devint le roi Henri, qu’il avait déjà déterminé le champ de bataille, que ce serait auprès de Bordeaux. (Le Laboureur. )

[18] Ce terrain de diluvion se trouve par strates, alternant avec des sables ; plusieurs fragmens ont été employés dans la construction du château actuel ; on les voit également dans les vieux murs, contrastant par leur couleur rembrunie arec la teinte jaunâtre des moellons calcaires dont ils sont mélangés.

[19] Tel que le combat en champ clos de Paris, en 1383 , derrière St-Martin-des-Champs, entre Pierre Courteny, seigneur anglais, qui vint combattre Gui de la Trémouille, en présence du roi, et qui fut blessé par le français Clary. On peut encore citer celui qui eut lieu en Bretagne, entre le duc de Bretagne et le duc de Buckingham.

[20] Le combat des trente remonte a l’an 1351. Beaumanoir était chef du parti de la comtesse de Blois ; Richard Pembroke commandait les Anglais qui soutenaient la comtesse de Montfort.

[21] Sandricourt, château voisin de Pontoise, remarquable par le tournoi de 1393 ; dix jeunes seigneurs de la cour de Charles VI y combattirent. Des dames en grand nombre, qui assistèrent à cette fête militaire, furent magnifiquement traitées par Hédouville, seigneur du château.

[22] Le roi Richard, dit Froisssart, fit crier par tout son royaume, jusqu’en Ecosse, une joute qui devait être à Windsor, de quarante chevaliers de dames et de quarante écuyers qui devaient être vêtus de vert, et à être la reine à cette fête bien accompagnée de dames et de demoiselles.

[23] Ces châteaux, voisins de Montandre, sont situés au midi de la Saintonge, département de la Charente-Inférieure, arrondissement de Jonzac.

[24] Jean Harpedane II, seigneur de Belleville , fut chambellan de Charles VI ; il résidait à Saint-Jean-d’Angély. Il acheta , en 1415, la terre de Mirambeau et celle de Cônac. Son fils, Harpedane III, épousa Marguerite de France, dite de Valois, fille naturelle de Charles VI.

[25] Fils du duc de Yorck et neveu du roi Henri IV. Celui-ci, encore duc de Lancastre, fut invité au tournoi de Windsor, où on avait projeté de l’assassiner. Rutland, qui était dans le secret, révéla le complot.

[26] Le Laboureur, qui l’appelle Carius , croit qu’il faut lire d’Escart dans la pièce où il a puisé. Allain Chartier dit Robert Querois.

[27] On trouve souvent les noms des sept Français du combat de Montandre dans l’Histoire de Charles VI. Il est dit dans une ordonnance de ce prince, rapportée par Villevault : « Arneaud Guillier de Barbazan, Guillaume Bataille, Clignet de Brabant, Archambeau de Villars qui prennent par an, sur notre trésor, 500 livres parisis, n’en prendront plus aucune chose. »

[28] Aimar Choter, selon Le Laboureur.

[29] Richard de Bouteville. (Le Laboureur.)

[30] Juvenal des Ursins. Allain Chartier ne nomme que quatre Anglais : Robert d’Escalle, Richard Heri, Fleury d’Angleterre, et Thomas Salles ou Stilles.

[31] Ce bouclier portait le nom de targe.

[32] Monseigneur, laissez-le venir, dit Barbazan au duc d’Orléans, car s’il peut une fois tenir son ennemi aux mains et le joindre à lui par le moyen de la luicte, il l’abattra et le déconfira. (Juvénal des Ursins.)

[33] Juvénal des Ursins.

[34] Le sang coula assez long-temps sans qu’on pût juger de quel coté serait la victoire. Apres une vigoureuse résistance du côté des Anglais, la mort de l’un d’eux décida de l’avantage, et le sire Harpadenne ramena les vainqueurs a Paris, où ils furent reçus à grande joie et reçurent de beaux présens. (Le Laboureur.) Le duc d’Orléans, quand ils furent à Paris, les festoya grandement pour la victoire qu’ils avoient eu a l’encontre desdtts Anglois, et à l’entrée de Paris furent vêtus lesdits François tout de blanc, et furent les juges, le sire Harpadenne et le sire de Duras. (Allain Chartier.)

[35] Octavien de St-Gelais, évêque d’Angoulême, fils de Pierre de St-Gelais, seigneur de Monlieu, dans le voisinage de Montandre, parle de ce combat dans son Verger d’honneur. Voici des vers sur ce sujet, écrits dans le même siècle que l’évènement : Après, dit-il, je vis sept nobles Preux Armés à blanc, ayant au poing la hache. Qui défirent sept arrogans Anglois, Où pas un d’eux si ne se montra lasche. Car si très-bien firent sans épargner, Qu’assez en peut Montandre témoigner, Château cogneu où fut l’emprinte faîte Et des Anglois honteux la défaite.

[36] Suivant le récit, en style du temps, dont on va parler, Harpadaine, seigneur de Belleville, fut juge pour les Anglais à ce mémorable combat, et pour les Français le sire de Pontz remplit les mêmes fonctions. De plus, Champaigne cet aussi indiqué comme un jeune écuyer qui, voyant que les Anglais étaient sept et les Français seulement six, requist et pria moult fort ces derniers de le recueillir avec eulx, à laquelle chouse accorder y eut de grans difficultés, pour ce qu’il estait, comme dict est, jeune, et n’avait pas grandement veu tels affaires.