Le comité de communication de la FFBéhourd a réalisé durant l’été des interviews de certains arbitres français. Ces dernières ont été diffusées une par une sur notre page Facebook : vous pouvez maintenant les retrouver d’un bloc dans cet article de notre site web.
Benoît Marion :
Bonjour Benoît, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Benoit (35 ans), conseiller en insertion professionnelle, arbitre intégré à l’équipe de la BARONNERIE CAEN BEHOURD depuis 2018. J’ai eu mon premier contact avec l’arbitrage lors d’un tournoi à Azincourt avec Jean-Michel en 2018. J’ai effectué mon premier stage d’arbitrage au tournoi de Tourcoing 2018. J’ai arbitré du duel, du pro-fight, du combat de masse. Je préfère le rôle d’arbitre de touche pour avoir une vision plus globale des combats.
Est-ce que c’est dangereux d’arbitrer ?
Le rôle d’arbitre n’est pas sans risque comme n’importe quel arbitrage de sport de combat à partir du moment où l’on se situe près des combattants.
Pour éviter la mise en danger des arbitres, nous avons organisé la formation et l’évolution des arbitres en plusieurs étapes. D’abord une période de formation pratique en bord de lice avec un arbitre confirmé ayant déjà passé les tests théoriques et validé la pratique pour être arbitre officiel en France. Cela permet de se familiariser avec les règles et leurs mises en œuvre et le placement autour de la lice. Après avoir passé les tests pour devenir arbitre officiel, les arbitres gardent le rôle d’arbitre de touche, ce qui permet de prendre des habitudes de positionnement et observer les déplacements des combattants et des arbitres de lice. Ensuite pour ceux ou celles qui souhaitent entrer en lice, le knight marshal du tournoi propose de le faire entrer en lice avec deux autres arbitres confirmés pendant quelques combats par tournoi. Cette façon de faire évoluer les arbitres permet que chacun puisse évoluer à son rythme et en sécurité.
Les dangers principaux pour les arbitres sont : la casse d’arme, le lâché d’arme pendant une percussion, et le fait de se mettre sur la trajectoire d’un combattant pendant une charge.
Nous n’avons pas encore eu de blessure grave nécessitant l’intervention des médics pendant les tournois en France mais certains d’entre nous ont eu quelques contusions bénignes souvent due à des casses d’arme.
Marie-Charlotte Cuissette :
Bonjour Marie-Charlotte, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Marie-Charlotte, 28 ans, Commerciale et trésorière de la garde du Roussillon
Pour cet article j’ai demandé à Pierre Garau s’il avait le nom d’un, ou d’une, jeune arbitre prometteur pour l’année 2022. C’est ton nom qui est ressorti.
Peux-tu me parler en détail de ton parcours arbitral jusqu’ici et que voudrais-tu dire à toutes les personnes qui hésitent à se lancer dans l’arbitrage ?
Pour commencer je remercie Dad’s d’avoir pensé à moi. Concernant mon parcours j’ai découvert le béhourd via mon conjoint qui est combattant. Je me suis lancé dans l’arbitrage pour éviter à la garde du Roussillon de payer son amende(1) mais ne sachant pas faire les choses autrement je me suis donné à fond et je me suis prise au jeu en ayant pour but d’être dans l’amélioration constante.
Si je devais dire quelque chose à ceux qui hésitent à se lancer dans l’arbitrage, je leurs dirais que s’ils deviennent arbitres club il peut être compliqué d’être impartial et neutre lorsque l’on voit ses camarades prendre des coups ou remporter leurs première victoire mais ils ne faut pas hésiter à se lancer car au-delà du côté impressionnant cela permet au sport de se développer et de se faire connaître, les arbitres sont des éléments très importants pour le club et la fédération car sans eux les tournois ne pourraient pas avoir lieux et nous veillons à la sécurité des combattants. Il ne faut donc pas hésiter à se lancer l’arbitrage car c’est rentrer dans une grande famille qui fera tout son possible pour vous aider à vous améliorer en prenant en compte vos obligations personnelles.
(1) : jusqu’en 2023, chaque club qui fournissait un arbitre à la fédération voyait se cotisation à cette dernière réduite.
Romain Berger :
Bonjour Romain, peux-tu te présenter en quelques mots ?
J’ai découvert le Béhourd en 2017, à BotN Barcelone où j’étais allé pour voir le championnat sans rien y connaître. Rentré en France, je me suis rapproché de l’équipe Martel, puis j’ai commencé à arbitrer au tournoi de la Ferté Milon. J’ai poursuivi ensuite, et je suis allé à Londres passer le test théorique pour devenir arbitre HMB début 2018, avant d’aller à Santa Severa passer avec succès le test pratique et devenir un arbitre HMB officiel. Depuis, j’arbitre tant en France qu’à l’étranger (Serbie, Espagne, Italie, Danemark…).
On ne voit jamais les arbitres porter d’armure, à l’exception du profight. Évoluer au milieu de la lice entre les combattants est pourtant dangereux. Peux-tu m’expliquer la raison de cette absence de protection ?
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les arbitres ne portent aucune protection :
– D’abord, arbitrer un tournoi demande déjà beaucoup d’énergie : les arbitres restent debout en bord de lice ou à courir à l’intérieur une bonne partie de la journée. Sans compter la fatigue mentale de devoir être en permanence à l’affût. Ajouter du poids par-dessus n’est pas forcément souhaitable. Personnellement, j’assume ne pas pouvoir courir en armure toute la journée.
– Ensuite, nous avons besoin de communiquer entre nous et d’avoir une bonne vision : un casque entraverait la vision et possiblement l’ouïe.
– Enfin, porter des protections en métal serait plus problématique qu’autre chose : les combattants de béhourd, quand ils sont en combat, doivent supporter la chaleur, les coups, la fatigue… et sont sous adrénaline. Et leurs casques ne permettent pas une très bonne vision. Un combattant voit du métal passer à côté, il risque de frapper dessus un peu à l’aveugle. Mettre des protections serait donc contre-productif et attirerait les coups plus que cela ne nous protégerait.
Romain Picot :
Bonjour Romain, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Mimi, 32 ans, arbitre depuis quelques années maintenant. J’ai commencé par de la compétition en béhourd léger, de l’arbitrage dans cette même discipline et j’ai fini par arbitrer du béhourd et plus particulièrement du duel et profight.
Tu as commencé par de l’arbitrage en béhourd léger et tu es allé sur l’armure après peux-tu parler des différences et similitudes entre les deux disciplines ?
Avant de faire de l’arbitrage, j’ai commencé par faire de la compétition en béhourd léger. Je n’avais à l’époque pas d’armure et pas le physique pour pouvoir performer en armure.
Comme pour d’autres, un manque d’arbitre a fait que j’ai commencé à arbitrer. Au fur et à mesure de l’avancement dans la discipline, j’ai arbitré de plus en plus en béhourd léger et des blessures ont fait que je n’ai plus fait que de l’arbitrage.
Le béhourd léger se concentre sur le duel. La zone de combat n’est pas fermée par une lice. Il y a donc des sorties de lices qui sont possibles. Un point intéressant pour l’arbitre centrale c’est qu’il peut sortir rapidement sans se préoccuper de devoir se baisser pour passer sous la lice.
Les différences se situent après sur des points de règles particulier, compte de point, coup autorisé ou non. Après rien de bien différent entre les petites adaptations entre les règles IMCF et HMBIA/Buhurt League.
L’équipement étant différent, les armes des combattants en béhourd léger permettent plus d’erreur. Un coup de batte en mousse est bien moins douloureux qu’une arme d’hast.
La dernière différence très visible se situe sur les combattants. Ainsi le béhourd léger se pratique à partir de 3 ans quand l’armure n’est pratiquée que par des personnes majeures. Il faut donc adapter son discours lors des explications que l’on donne aux combattants.
Les petites adaptations se font bien entre les deux et il peut être intéressant de pratiquer les deux disciplines.
Sarah Valette :
Bonjour Sarah, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Sarah (alias Mikki), 37 ans. J’ai fait mes premiers pas dans le monde du Béhourd (duel) en février 2022 et depuis l’automne dernier, je cumule les fonctions d’arbitre officielle duel HMBIA & IMCF, de combattante et compétitrice de Béhourd léger (SAFE) ainsi que de secrétaire-adjointe de la SAEA Paris. Je viens d’acquérir une armure et j’ai l’intention de me lancer dans la compétition en duel lorsque j’aurai suffisamment d’expérience. Comme quoi, il est possible d’être arbitre et combattant !
J’ai vu qu’il y avait différentes tenues pour les arbitres avec différentes couleurs. Peux-tu m’en parler ?
Il y a en effet des chaperons et des tenues de différentes couleurs qui permettent de distinguer le statut ou le “grade” de l’arbitre :
– Les chaperons orange et violet sont ceux des apprentis ayant validé leur examen théorique et effectuant leur stage pratique. À l’occasion de ce stage, ils sont placés en binôme avec un arbitre officiel et sont jugés sur leur capacité à compter les points, à checker les armes des combattants ainsi que sur leur comportement. Il faut valider un à deux stages pour pouvoir devenir arbitre officiel. On n’exige pas d’eux d’arborer une tenue médiévale historique car ils sont en formation.
– Les chaperons jaunes correspondent à ceux des arbitres officiels ayant validé leur examen écrit et leur(s) stage(s) pratique(s). Ils peuvent être “arbitre de touche” (compteur) mais également “arbitre de lice” lorsqu’ils ont acquis suffisamment d’expérience. Ils se doivent aussi de porter un vêtement d’inspiration historique.
– Ceux qui arborent une tenue historique entièrement jaune sont les arbitres ayant reçu un agrément international, ce qui signifie qu’ils peuvent prendre part à des tournois organisés entre différents pays. Ils la portent également lorsqu’ils officient en tant que “KM” (Knight Marshall = autorité suprême du corps arbitral) lors d’un tournoi national.
– Il existe également une tenue jaune et noire qui est quant à elle réservée aux “Knight Marshall” possédant l’agrément international.
Victoria Austrui :
Bonjour Victoria, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Victoria Austrui, 29 ans, je suis arbitre pour la FFB depuis 5 ans, pour la Buhurt International depuis un an et je suis membre du comité arbitral français.
J’arbitre toutes les catégories de béhourd, du duel soft au mass battle en armure.
Devoir traverser la France pour permettre aux combattants de s’affronter occasionne forcément des frais et cela peut rebuter certaines personnes de s’impliquer dans l’arbitrage. Il me semble que certains coûts sont pris en charge, peux-tu m’en dire plus ?
La question financière a toujours été une épine dans le pied du comité pour le recrutement des arbitres.
Grâce à Xavier, vice-trésorier de la fédération, nous avons établi des statistiques détaillées des frais engagés par l’ensemble des arbitres sur la saison 2022. Il en est ressorti qu’en moyenne, un arbitre est remboursé de la moitié de ses frais réels lorsqu’il se déplace en tournoi. Ces statistiques nous ont permis d’obtenir de meilleurs plafonds de défraiements lors de la dernière assemblée générale.
Plus concrètement, les frais qui sont pris en compte sont :
Le déplacement (voiture, train, avion…),
L’hébergement (Airbnb, hôtel) si ce n’est pas fourni par les organisateurs,
Les repas lorsqu’ils ne sont pas fournis.
Après chaque tournoi les arbitres remplissent des notes de frais avec toutes leurs factures et les transmettent à la trésorerie. Celle-ci nous rembourse ensuite à hauteur des plafonds fixés en assemblée générale.
Ces plafonds dépendent du rôle de chaque arbitre lors du tournoi : les arbitres expérimentés étant peu nombreux, ils sont amenés à faire de plus longs trajets que la moyenne pour remplir les rôles avec le plus de responsabilités. Lorsque nous avons le choix, nous privilégions les arbitres les plus proches du tournoi mais cela n’arrive pas encore souvent, nous sommes pour l’instant trop peu nombreux.
Depuis la dernière assemblée générale, nos apprentis sont également défrayés. C’était un point qui tenait très à cœur au comité depuis longtemps, car nos apprentis sont investis et leur engagement sur le terrain mérite une compensation.
Voici nos plafonds actuels de défraiement par jour de tournoi :
Knight Marshal : 150 €
Arbitre de lice : 100 €
Arbitre de touche : 90 €
Apprenti : 75 €
Nous avons également mis en place un système de redistribution : si sur un tournoi un arbitre a des frais réels en dessous de son plafond, la différence sera ajoutée à parts égales aux défraiements des arbitres dont les frais dépassent leurs plafonds.
Nous sommes conscients que malgré les efforts du comité et de la fédération, il reste encore des déplacements difficiles financièrement pour certains arbitres. Il n’est pas obligatoire de participer à tous les tournois de la saison, chacun est encouragé à participer aux évènements selon ses possibilités et à en parler en privé au comité s’il a la moindre interrogation.
Si je souhaite devenir arbitre, comment cela se passe-t-il ?
Ces dernières années, l’arbitrage s’est bien structuré en France, il y a plusieurs grades d’arbitres selon leurs expériences.
Pour devenir arbitre, il faut contacter la page Facebook publique du comité arbitral français et nous donnons le détail du processus. En voici les grandes étapes :
Dans un premier temps, un aspirant arbitre est testé sur ses connaissances théoriques par un petit test écrit adapté à/aux catégorie(s) qu’il souhaite arbitrer.
Valider ce test donne à l’aspirant le grade d’apprenti, il peut alors s’inscrire pour faire une formation pratique sur un tournoi.
Lors de sa formation pratique, l’apprenti est en binôme avec un arbitre officiel. Il n’intervient pas dans les combats, il reste en touche, observe à la fois les combattants et écoute les conseils de son binôme.
A la fin du tournoi, le comité arbitral recueille les avis des différents arbitres ayant travaillé avec l’apprenti. Il décide alors de valider sa formation ou de lui faire faire encore un ou deux tournois en apprentissage en lui indiquant quels sont les éléments sur lesquels il doit travailler.
Dans un second temps, l’apprenti qui a validé sa formation pratique passe un nouveau test théorique plus avancé que le premier afin de devenir arbitre officiel. S’il réussit le test, l’arbitre sera autonome sur les tournois et il aidera à la formation des nouveaux arrivants.
En mêlée, pour ses premiers tournois en autonomie, il sera essentiellement arbitre de touche : il observera en bord de lice les actions, n’intervenant que sur ordre d’un arbitre de lice ou en cas de danger immédiat pour un combattant. Son rôle est de repérer le danger et les actions illicites afin de les rapporter au Knight Marshal.
Il pourra ensuite être arbitre de lice : il évoluera parmi les combattants en match, son rôle sera toujours d’assurer la sécurité des combattants mais aussi de veiller en direct au respect des règles (en couchant/relevant des combattants par exemple), de lancer et d’arrêter les combats.
En duel et profight, un arbitre officiel est un compteur en touche, mais il peut être appelé à entrer en lice.
Dans un troisième temps, en fonction de son expérience et des circonstances pratiques, un arbitre officiel peut être désigné Knight Marshal sur un tournoi par le comité.
Il aura alors en charge l’équipe arbitrale du tournoi sur laquelle il a autorité : il veillera à sa bonne organisation, à son efficacité, à la sécurité et au professionnalisme des arbitres.
Il sera également l’autorité en charge du règlement des litiges et des sanctions auprès des combattants, il traitera toutes les réclamations qui seront adressées aux arbitres.
Dans un quatrième temps, il est proposé aux arbitres qui le souhaitent d’être présentés comme candidats aux certifications internationales IMCF ou Buhurt International. Ils seront alors aidés dans leurs démarches par le comité et les arbitres internationaux français.
Un arbitre certifié à l’international à un dernier grade à atteindre s’il le désire : Knight Marshal international. Ce grade s’obtient selon des modalités propres à chaque ligue, il est réservé aux arbitres les plus expérimentés.
Il se tient également une formation annuelle en France à destination des arbitres de tous niveaux. Cette année nous espérons l’ouvrir à l’international (en la doublant français/anglais) pour aider les arbitres des pays voisins n’ayant pas une structure aussi développée à se former avec des Knights Marshals internationaux.
Quels sont les principaux gestes et ordres qu’un arbitre peut adresser à un combattant et que ce dernier se doit de connaître ?
Le bâton est l’outil indispensable de l’arbitre de mêlée et du Knight Marshal de duel, il permet d’ajouter un geste distinctif aux ordres vocaux. Voici une liste des principaux :
« Combattez ! » (« Fight » si nous avons des équipes étrangères). Il est accompagné d’une levée de drapeau qui lance le début du combat.
« Halte ! » (« Stop ! »), Accompagné du passage du drapeau jaune devant les yeux du combattant pour marquer la fin de l’engagement. Le passage du drapeau fait foi, un combattant n’entendra pas forcément l’ordre mais ne peut ignorer le signe visuel de la fin du combat.
« Séparez-vous ! » (« Break ! »), avec drapeau devant les yeux indique aux combattants qu’ils sont en lutte depuis trop longtemps. Ils doivent cesser l’engagement, reculer de 3 pas et attendre l’ordre de l’arbitre pour recommencer le combat.
« Au sol ! » (« Down ! ») avec un signe de la main vers le sol signifie à un combattant qu’il est hors-jeu et doit se mettre au sol.
« Debout ! » (« Up! ») avec un signe de la main vers le haut signifie à un combattant au sol qu’il n’est pas hors-jeu et qu’il peut continuer le combat.
« Relevez-vous ! » (« All rise ! ») indique en fin de match que le comptage des points est terminé et que les combattants au sol peuvent se relever (pour rappel, se relever avant cet ordre est passible d’un carton jaune).
Il existe des ordres plus spécifiques, par exemple pour prévenir un combattant de l’illégalité d’une de ses actions mais ces indications sont au cas par cas.
Qu’est-ce qui est contrôlé avant un combat ? Dans la lice mais aussi en dehors ?
En début de tournoi les armes et boucliers sont vérifiés : taille, poids, arrondis, tranchants, état général, fixation pour les armes d’hast et ratio pour les armes de profight.
En entrant en lice sont vérifiés les stickers des armes, les sangles jugulaires (ou autre système de fixation, les protections de nuque, la présence de spalières si le tabard est long et les semelles des combattants.
Pendant le combat, les actions sont observées pour éviter les coups interdits (ou au moins les sanctionner). Nous vérifions entre autres les coups dans des parties interdites, l’arrachage et la perte/casse d’armure, les pertes d’armes et la légalité des mises au sol.
Xavier Depeyre :
Bonjour Xavier, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Xavier, 33 ans, je suis dans le monde du béhourd depuis quasiment sa création en France. J’ai commencé à arbitrer en 2013 car personne ne voulait le faire, et c’est le genre de chose qui me motive. Après, dès que j’ai eu mon armure, j’ai dû faire des choix entre combattre et arbitrer, et je me suis donc spécialisé dans l’arbitrage des duels, même si j’ai arbitré pas mal de tournois de mêlée également. A l’époque, le manque d’arbitre chronique nous amenait à avoir une équipe d’arbitres fluctuante au sein d’un tournoi. Je pouvais par exemple combattre avec mon équipe durant les phases de pool, puis endosser le rôle d’arbitre durant les phases finales. Ce n’était pas idéal mais c’était ça ou rien…
Tu as pris ta retraite de l’arbitrage en 2022 mais tu fais partie des arbitres ayant eu la plus longue carrière en France.
Peux-tu me parler de l’évolution de l’arbitrage, tant en termes de structure que de “conditions de travail” pour les arbitres ?
Après presque 10 ans passés à arbitrer, et à cumuler d’autres fonctions au sein de la FFB, j’ai pris la décision d’arrêter l’arbitrage pour me concentrer sur l’authenticité (encore un job dont personne ne voulait…).
En termes d’évolution, je peux te dire qu’on revient de loin! Fut un temps où il n’y avait aucune structure, où avant chaque tournoi on ne savait pas vraiment combien d’arbitres il y aura, où on devait compter impérativement sur des arbitres étrangers pour nous aider… c’était vraiment galère. J’ai pu participer au tout premier comité d’arbitrage, avec Romain et Jean Michel, en deux ans on a pu asseoir une base d’organisation structurée afin d’y voir plus clair. On avait initié aussi la notion de test pour les arbitres afin d’assurer la qualité sur le long terme. C’était vraiment nécessaire pour accompagner la croissance du sport.
En termes de conditions de travail, à l’époque, ce n’était pas forcément facile tous les jours. Les règles n’étaient pas toujours respectées de la même façon selon les arbitres et les pays (que d’engueulades avec des combattants étrangers à propos de points de règles qu’eux n’appliquaient pas). Les tournois étaient longs (la limite de 10 minutes par match n’était pas respectée, ce qui pouvait donner des matchs de 15-20 minutes facile), les combattants pas toujours très respectueux et globalement, le rôle de l’arbitre était perçu comme un rôle d’emmerdeur. A force d’expliquer que le but premier reste la sécurité des combattants, cette perception a changé, même si certains irréductibles continuent à penser qu’on est spécifiquement là pour leur casser les pieds. Le fait que de plus en plus de combattants participent à des tournois internationaux leur permet aussi de mettre de l’eau dans leur vin quand ils “subissent” l’arbitrage défaillant dans certains pays. Ce n’est pas pour jeter des fleurs, mais l’arbitrage français est vraiment sur le podium mondial grâce au travail de tout le monde (comité d’arbitrage, arbitres, mais aussi combattants et bénévoles). J’espère qu’un jour, l’arbitrage international sera d’aussi bonne qualité. Rien n’est parfait bien sûr, mais il y a quand même eux de nets progrès en 10 ans.
Vous voulez en apprendre plus sur l’arbitrage ? Vous souhaitez devenir arbitre ? Contactez le comité arbitral : arbitres.behourd@gmail.com visitez leur page Facebook !