Droite, acérée, menaçante, on reconnaît le fauchon par sa forme inhabituelle. Au milieu des lames droites classiques à double tranchant, on retrouve ces lames imposantes, à un seul tranchant, qui nous font penser à d’énormes machettes.
En béhourd, le fauchon fait fureur ! Difficile de trouver un tournoi sans quelques-unes de ces lames… Et ce n’est pas pour rien. Une fois émoussées et épaissies pour résister à l’épreuve du combat, ces monstres de parfois 1.8kg sont faits pour frapper fort ! Ils sont des fois ornés d’un décroché, d’une petite crête, qui concentre l’énergie de l’impact, mais qui surtout alourdit la partie éloignée de la lame, rendant les coups plus puissants.
Mais d’un point de vue historique, d’où vient le fauchon ?
On retrouve ses racines dans le XIème siècle. Son origine fait débat, certains affirmant que sa forme courbe provient des cimeterres arabes, combattus pendant les croisades de cette époque… Pourtant la construction du manche (avec des rivets) et la forme de lame laissent plutôt penser à une évolution des couteaux de chasse, devenus couteaux de guerre.
Les iconographies révèlent une grande richesse de déclinaisons dans les formes du fauchon.
Certains étaient simples, sans garde, faisant plutôt penser à un hachoir qu’à une épée ! On les retrouve dans ses premières formes, au XIème et XIIème siècles. En parallèle, on retrouve des formes proches de celles de la machette moderne, parfois avec une garde semblable à celle des autres épées (donc cruciforme avec un pommeau généralement rond), mais parfois sans garde.
A partir du XIIIème siècle, on retrouve des modifications fréquentes par rapport au modèle « machette », comme par exemple un décroché qui vient former une pointe acérée, ou encore un faux tranchant aiguisé (donc le dos de la lame qui est lui aussi aiguisé).
Le fauchon varie également beaucoup en taille. Certains sont courts, avec une lame de moins de 60cm, d’autres sont plus longs et se manient à une main et demi, et d’autres sont de véritables monstres, maniés à deux mains.
Cependant il demeure un problème qui n’est toujours pas tout à fait élucidé, concernant cette arme passionnante : son utilisation.
Certains disent que le fauchon est une sorte de hache prenant la forme d’une épée. A lame courte et robuste, ils sont faits pour taper fort, comme on le voit sur certains manuscrits.
D’autres pensent au contraire que, puisque certains exemples de musée ont un poids très comparable aux épées droites, et une lame très fine (comme par exemple celui de Cluny, ou plus tardivement celui de Thorpe), ils devaient être utilisés plus « délicatement », comme un sabre. En somme, ils seraient des épées équilibrées vers la coupe, mais qui sacrifieraient les possibilités d’estoc.
La vérité se situe très probablement entre les deux.
La solution est simple : certains étaient faits pour hacher et frapper fort, d’autres étaient faits pour couper avec maniabilité.
Ce que nous savons avec certitude, c’est que certains maîtres d’armes détaillent leur utilisation, comme les traités concernant le lange messer (grand couteau, en Allemand) par Tahloffer.
Les usages et les formes du fauchon dépendaient surtout de son utilisation : fauchon de guerre, ou fauchon de défense civile ?
Car les couteaux, et progressivement les fauchons (jusqu’au XVIème siècle) ont toujours été utilisés pour chasser, s’entraîner et se défendre, aussi bien par les nobles que par les simples marchands. Le fauchon est une arme très populaire tout au long du moyen moyen-âge, mais particulièrement au cours du moyen-âge tardif, où il constituait l’arme de base du soldat.
C’est sa forme simple, son design efficace et facile à produire, qui ont permis au fauchon de se frayer un chemin à travers l’histoire, du XIème au XVIème siècle, et jusque dans les tournois de Béhourd actuels du monde entier.
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