2018 fut une année faste en matière de tournois : la Fédération Française de Béhourd a organisé pas moins de 9 tournois officiels (à quoi s’ajoutent les championnats du monde BotN et IMCF ansi que les petits tournois amicaux ici et là).
Equipes et combattants ont donc eu moults occasions de se démarquer par de hauts faits d’armes. Parmi tous les combattants qui sont venus concourir en 2018, deux se sont particulièrement distingués par leur présence : sur les 9 tournois officiels de la Fédération, l’un et l’autre ont participé à 8 d’entre eux. Nous vous présentions Aurélien Plagnard la semaine dernière, c’est maintenant au tour d’Antoine Tourte d’être interviewé.
Antoine Tourte, club Béhourd Ile de France, équipe Martel Du Guesclin (anciennement Martel 2)
Comment avez-vous connu le Béhourd ?
En 2014 je poursuivais des études d’Histoire (Master Recherche en Histoire moderne à l’université de Cergy Pontoise), je pratiquais à l’époque le football en club depuis une dizaine d’année déjà… Mon frère (récemment -janvier 2019 – entré dans l’équipe Martel Du Guesclin) lui, avait un sujet d’Histoire médiévale et cherchait à pratiquer une activité annexe les weekends. Il s’est alors rapproché d’une compagnie d’évocation médiévale proche de chez nous (Bessancourt dans le Val d’Oise) et je le rejoignais quelques mois plus tard à l’été 2014 si mes souvenirs sont bons.
De fil en aiguille je me suis donc intéressé au monde de la reconstitution et des fêtes médiévales dans son ensemble. Dans ladite association que nous intégrons mon frère et moi, je rencontre Aurélien (Plagnard – membre de l’équipe Martel 1) avec qui je noue rapidement des liens d’amitiés.
En 2015 je découvre le Béhourd par Youtube (via le jeu des algorithmes qui sont enclin à nous proposer des vidéos en fonction de nos centres d’intérêt) et je décide d’aller assister en famille et avec Aurélien aux championnats de France qui, à l’époque, avaient lieu à Château-Thierry. Le spectacle est plaisant et impressionnant mais j’ai encore des réticences à me lancer dans l’arène, ne me sentant pas prêt physiquement ni financièrement (le coût de l’armure étant l’un des premiers freins lorsqu’on se lance dans le Béhourd). Quand j’y repense, je me dis que j’aurais dû commencer dès que j’en avais l’occasion !
J’ai donc suivi de loin la discipline pendant près de 2 ans.
Pourquoi le pratiquer ? Quel type d’armure portez-vous, et de quelle époque ? Pourquoi ce choix ?
En 2016, un autre ami rencontré lors d’évènements médiévaux (Sébastien Lombardo, Martel 1), intègre l’équipe Martel, puis en 2017, Aurélien à son tour. J’ai alors 25 ans, j’ai arrêté le sport (football) depuis près de 3 ans et l’envie de reprendre une activité sportive me pousse à tenter l’expérience Béhourd. Je me disais alors textuellement dans ma tête « tu es en bonne santé, dans la force de l’âge, si tu ne le fais pas maintenant tu vas le regretter ».
En effet, avoir une armure, faire un peu d’escrime « à la touche », des déambulations lors des fêtes médiévales, des mêlées scénarisées, c’est amusant, mais il me fallait plus.
En août 2017 je fais mon premier entrainement avec Martel, et j’intègre rapidement l’équipe 2, profitant du fait que j’avais déjà une armure convenable et que j’étais habitué à la porter et à me mouvoir avec, même si quelques pièces devaient être changées.
A l’origine, mon armure était typée française (vers 1330-1340), ce qu’on aurait pu trouver à la bataille de Poitiers j’imagine.
Puis je suis passé à une armure plutôt typé italienne (photo de droite) vers 1370-1380 pour la protection, une armure plus tardive protège davantage. Le plus gros investissement a été le casque, une tête n’a pas de prix !
Etes-vous plutôt 1v1, profight ou combat de masse (5v5 / 21v21) ?
J’ai commencé avec le 1v1 épée bouclier. Mon premier tournoi était d’ailleurs le championnat de France de 1v1 en janvier 2018 à Carrières-sous-Poissy, auquel j’ai participé avec Aurélien sous les couleurs de Martel.
Le 1v1 est une bonne porte d’entrée vers le Béhourd, ça fait le cardio comme on dit, et l’individuel forge un vrai mental. Concernant le profight, je ne l’ai pratiqué que légèrement à l’entrainement, sur des rounds de 2 fois 1min30 maximum donc je ne peux pas trop en parler. Mais pour tout combattant qui souhaite progresser, c’est très formateur j’imagine.
Le 5v5 est très stimulant, l’aspect « combat en équipe » est unique et même si ça reste un sport, on va un peu « à la guerre » ensemble, cela forge rapidement des liens entre membre de l’équipe. Moi qui n’avais jamais pratiqué de sport de combat, l’adrénaline devient rapidement une drogue, on a beau être épuisé après un round, on a envie d’y retourner !
Pour ce qui est du 21v21 j’en ai fait 2 fois (Saint-Dizier et Carcassonne 2018), en première ligne à chaque fois, et ça tape dur ! Mais c’est vraiment épique !
Que pensez-vous du développement du profight en France ?
C’est une bonne chose, comme je disais plus haut, se renforcer individuellement fait progresser l’équipe, c’était d’ailleurs le crédo de Jérôme (Talochino, Martel 1) lorsqu’il organisait nos entrainement l’année dernière.
C’est une discipline complète, cela permet de travailler la frappe au fauchon, le coup de bouclier, la lutte, le cardio. Et contrairement au 5v5 ou on peut arriver face à un adversaire qui fait une fois et demi votre poids, le profight est organisé par catégorie de poids.
Seul aspect qui pourrait rebuter certains : frapper l’adversaire au sol pour marquer plus de points.
En 5v5, quel est votre rôle au sein de l’équipe ?
Au vu de mon gabarit (1m75 pour 73kg), je ne pouvais raisonnablement pas devenir tank, c’est donc vers un poste de « coureur » que je me suis orienté. J’avais porté une armure pendant 3 ans via les camps médiévaux avant de commencer le Béhourd, je savais donc à peu près quelle mobilité je pouvais avoir avec, et j’aime bien attaquer par derrière !
Le but du coureur (ou runner, pour ceux qui n’ont pas peur des anglicismes) est de déstabiliser l’équipe adverse en effectuant des courses, le plus intelligemment possible, au travers de la lice. Passer derrière la ligne de 5 adverse pour pouvoir charger dans le dos, changer régulièrement de cible etc… C’est un poste qui nécessite une bonne vision et lecture du combat donc il faut un petit temps pour bien s’y sentir.
Vous avez participé à de nombreux tournois en 2018 (8 sur 9 officiels de la FFB). Lequel vous a le plus marqué ? Ou quelle action ?
Je vais me permettre de te faire un petit « top 3 » si ça ne te dérange pas :
N°3 : – Saint-Dizier, parce que mon premier tournoi, sur deux jours qui plus est, mon premier 21v21.
N°2 : – Carcassonne, le cadre était magnifique, malgré la météo. C’était le premier tournoi que je faisais avec Martel 1, les premières rencontres contre des équipes étrangères.
N°1 : – Les Andelys en octobre 2018. Parce que ce fut un beau tournoi qui a été organisé par l’association Béhourd Ile de France. Avec Martel 2 nous n’avions que 5 combattants au début et nous avons terminé à 3 pour notre dernier combat. Mentalement ce n’était pas facile, nous avions eu des problèmes pour recruter des mercenaires. Mais dans cette adversité, Martel 2 a vraiment passé un cap je pense.
Je classe aussi ce tournoi en n°1 pour cette action. C’était un combat contre la White Company. J’ai chargé dans le dos Pawel Kurzak, j’ai dû sauter un peu trop haut car je me suis retrouvé sur son dos ! Il m’a alors fait littéralement voler par-dessus la lice. Sur le moment ça m’a bien fait rigoler !
Avez-vous des objectifs pour 2019 ?
Avec Martel Du Guesclin, notre objectif est de remonter nettement au classement français, atteindre le top 10 voir plus ! Personnellement j’aurais souhaité participer de nouveau aux championnats de France de 1v1 et commencer le profight en tournoi.
Malheureusement, je me suis gravement blessé au genou droit lors d’un entrainement (rupture des ligaments croisées antérieures, du ligament et du tendon externe). Un an et demi de tournoi sans aucune blessure même minime et ça vous arrive bêtement à l’entrainement….
L’objectif est donc de bien me rétablir, et de revenir en pleine forme pour 2020 j’espère !
En attendant, je mets mon armure à disposition de l’équipe, pour la prêter aux nouvelles recrues qui souhaiteraient se lancer !