Il y a 10 ans, se tenait la Bataille des Nations (Battles of the Nations) 2013 à Aigues-Mortes, en France. Ce fut la première fois qu’une équipe de France participait à cette Coupe du monde du béhourd, organisée par la HMBIA. Pour fêter les 10 ans de cet événement mémorable, le comité de communication de la FFBéhourd vous propose une série de publications pour revenir sur une époque où notre sport n’en était encore qu’à ses débuts dans l’Hexagone.
Salut Almut ! Peux-tu te présenter brièvement, ainsi que ton équipe ?
Bonjour, Je m’appelle Emmanuel Legrand alias Almut, j’ai 34 ans et je pratique le Béhourd depuis fin 2012. À l’époque, je pratiquais le duel et l’équipe, mais maintenant je me concentre uniquement sur le duel épée-bouclier avec le club d’escrime de la SAEA Paris.
Tu as combattu dans d’autres équipes ?
Au commencement, j’ai intégré l’équipe de Béhourd d’Armagnac avec-laquelle j’ai fait plusieurs tournois en France comme le tournoi du Faucon noir où j’ai pu commencer à affronter des équipes étrangères. J’ai continué à pratiquer le Béhourd en équipe jusqu’à 2015-2016.
Tes débuts dans le Béhourd, ça s’est passé comment ? De quelle manière as-tu découvert ce sport ?
C’est avec l’association Frankland que j’ai découvert le Béhourd. Après l’organisation d’un des premiers tournois de Béhourd à Ablon sur Seine en mars 2012, j’ai commencé à constituer ma première armure pour participer également aux compétitions. Mon armure a bien évolué depuis mes débuts jusqu’à aujourd’hui.
Je me suis laissé dire que tu as combattu à Battle of the Nation en 2013. Vous n’êtes plus très nombreux à être encore actif. Tu peux me parler un peu de cette expérience ?
C’était la première participation de la France à la « Battle of Nations ». À cette époque, je n’étais pas assez bon pour être sélectionné pour représenter la France en duel, mais j’ai eu la chance de participer en 5 contre 5 dans une des équipes de France.
Il s’agissait de mon premier championnat du monde et j’ai trouvé l’atmosphère entre les différents pays vraiment très agréable. Le plaisir de rencontrer des personnes venant d’autres pays qui partagent une même passion est indescriptible, et malgré l’intensité des combats, aucune animosité ne régnait durant l’événement. Nous pouvions nous retrouver autour d’une boisson pour échanger, même après nous être affrontés sur le champ de bataille.
Une anecdote à nous partager ?
Lors de ce tournoi, ce qui m’a le plus marqué, c’est le « All vs All » organisé pour le plaisir à la fin. Tous les combattants de tous les pays étaient dans la lice, divisés en deux équipes. Le terrain était recouvert de sable et la masse de combattants a créé un nuage de sable où l’on ne pouvait voir qu’à quelques mètres à peine. C’était une expérience épique.
Toi qui as vu une décennie de behourd s’écouler, quel est ton regard sur l’évolution de notre sport ?
Il y a dix ans, le tournoi se déroulait dans un parc ou champ, sans lice, avec seulement une quinzaine de participants. Aujourd’hui, les compétitions se tiennent dans des lieux historiques, avec des dizaines de combattants, sont retransmises en direct sur internet, disposent d’une magnifique lice et bénéficient d’une organisation minutieuse. L’évolution est incroyable !
Au cours des dix dernières années, le format du Béhourd a beaucoup évolué, que ce soit en duel ou en groupe. Tout est devenu beaucoup plus structuré et organisé en termes d’équipements, d’historicité, d’arbitrage ou d’organisation des tournois. Tout a évolué dans la bonne direction.
C’était quoi tes objectifs lorsque tu as commencé ? Et aujourd’hui quels sont-ils ?
Quand j’ai commencé à pratiquer le combat médiéval dans le cadre de la reconstitution viking, j’avais déjà un goût prononcé pour le duel. Cependant, je n’ai pas pu participer aux tournois à la touche avant l’arrivée du Béhourd, faute de protections adéquates. J’ai alors confectionné ma première armure avec des pièces récupérées ici et là, mon objectif étant simplement de participer aux tournois pour le plaisir.
En 2013, j’ai remporté mon premier tournoi de combat médiéval en Belgique, lors d’un tournoi de triathlon (ancienne catégorie de duel consistant en un combat en un round à l’épée à deux mains, un round à l’épée bouclier et, en cas d’égalité, un round final à l’épée et bouclier). J’ai ensuite continué à m’entraîner en duel et j’ai intégré la SAEA. Grâce à cette association, j’ai pu participer à de nombreux tournois en France et à l’international. Entre 2013 et 2020, j’ai remporté en duel : 15 médailles d’or, 7 médailles d’argent et 3 médailles de bronze (dont 2 médailles de bronze en duel épée-bouclier au championnat du monde IMCF en 2016 et 2018 et une d’argent en 16vs16).
Depuis 2020 et l’arrivée de la pandémie, j’ai connu des problèmes de santé au niveau du dos, qui ont même nécessité l’utilisation d’une canne pour me déplacer. Mon entraînement a donc été très irrégulier pendant deux ans. Suite à une opération en début d’année, j’ai pu enfin reprendre un entraînement régulier, 2 à 3 fois par semaine. Mon objectif actuel est de retrouver ma meilleure forme pour les prochains tournois.
On s’est croisé lors de la compétition de la Dame d’Acier où tu as remporté la médaille d’or en épée bocle ainsi que l’argent en épée bouclier. De beaux résultats qui sont sans aucun doute le fruit de beaucoup de travail. Qu’est-ce qui change entre l’entraînement pour le duel et la mêlée ?
C’était mon premier tournoi sans problèmes de santé, et c’était un plaisir de retrouver l’ambiance des compétitions. J’ai été très content de pouvoir retrouver mon sparring partenaire « Paon Paon » en finale sur les deux catégories. Il a décroché l’or en épée-bouclier et moi en bocle.
Tu fais toujours de la mêlée ?
Je pratique la mêlée de manière très occasionnelle. La dernière fois que j’en ai fait remonte à IMCF en 16 contre 16, car il manquait des combattants pour atteindre le nombre requis. Peut-être que j’en referai un jour si deux divisions d’équipes sont créées, car je n’ai pas du tout le niveau pour affronter les grandes équipes françaises actuelles.
A la fin du mois auront lieu les championnats du monde IMCF à Belmonte en Espagne et ceux de la Buhurt League à Libusin. On te voit sur l’un de ces évènements ?
Bien que j’aie obtenu la deuxième place en épée-bouclier, l’IMCF a décidé cette année de permettre à chaque pays d’envoyer jusqu’à trois champions. Cela me donne l’opportunité de représenter la France au championnat du monde de l’IMCF pour la sixième fois.
Tu souhaites ajouter quelque chose ?
Je voudrais ajouter que ma décision de me lancer dans le Béhourd a été un tournant important dans ma vie. Grâce à cela, j’ai pu rencontrer des personnes formidables, découvrir de nouveaux pays, me sentir mieux dans mon corps et dans ma tête. Si je devais refaire ce choix, je le referais sans hésiter ! Je tiens à remercier chaleureusement toutes les personnes qui travaillent dur pour rendre ces événements possibles et qui font vivre ce sport : les fédérations, les organisateurs, les arbitres, la SAEA et surtout notre Prévôt d’armes, Thomas Chariot, qui nous entraîne et nous soutient dans cette merveilleuse aventure.
« Honneur aux armes, respect au Maître et aux Prévosts ! »
Merci à toi pour cette interview, porte toi bien !