Equipe Martel, championne de France 2022.
Entretien avec Ronan Desgranges, le capitaine.

Forte de 61 points au classement national, l’équipe Martel est la grande championne de France 2022 ! Bien qu’elle n’ait obtenu aucune première place sur le podium des tournois, l’équipe décroche avec honneur ce titre grâce à sa forte présence lors des compétitions et ses belles performances en lice. Ronan Desgranges, capitaine, revient pour nous sur cette victoire et les futurs objectifs à atteindre.

311469880 532701958859241 1866170159091276842 n

Château de Beauregard, Octobre 2022

Comment vois-tu ce titre de Champion de France ?

On est très content, c’est une belle victoire ! L’équipe était présente sur toutes les rencontres 5vs5 en France (Coupe de France, Rexpoëde, Poligny, Parthenay, Tournoi de Metz ou encore celui du château de Beauregard) quitte à être sans remplaçants parfois, et pas de blessures à déplorer. Mais on a conscience que c’est en demi-teinte. Si on regarde le classement réel, on se situe plutôt en troisième position, juste après Aquila Sequania et Grimaldi Milites. Ce titre on ne l’a pas volé non plus, on a beaucoup travaillé. Bien sûr, on garde la tête sur les épaules. Prochain objectif c’est de prouver qu’on peut l’obtenir en remportant la première place pendant un tournoi.

Un objectif de taille ! Mais ce n’est pas le seul pour la saison prochaine ?

En effet, on doit par exemple compléter le niveau de l’équipe pour monter en grade. Parmi nos gars, beaucoup d’anciens sont passés à autre chose – le covid a fait quelques dégâts – et on a pas mal de nouveaux. Je pense qu’on ne doit plus capitaliser sur un petit groupe de combattants vétérans, mais trouver une vraie dynamique entre anciens et nouveaux. Et puis encore et toujours s’entraîner, rester rigoureux et régulier en lice. Cette année déjà, on a pas mal renouvelé le roster et on s’est rendu compte de l’importance d’apprendre à combattre ensemble et de se compléter avec nos compétences respectives. C’est vrai que nous ne sommes plus au temps de nos trois équipes dans le club, mais avec Martel et Martel du Guesclin, on peut faire de grandes choses.

275283998 4215502781886314 7093758633126224625 n

Metz, Mars 2022

Justement, quel a été le tournoi français le plus représentatif pour l’équipe cette année ?

Pour nous, la Coupe de France a coché toutes les cases ! Déjà, ça faisait très longtemps qu’on n’avait pas eu autant d’équipes réunies pour des 5 vs 5. Et surtout chez Martel, on était nombreux et dans l’ensemble bien préparés. Je trouve qu’on a rempli tous nos objectifs lors de ce tournoi autant sportivement que mentalement avec une troisième place acquise sur 19 équipes inscrites. L’ambiance et l’organisation aussi étaient très agréables.

Tu es présent dans le monde du béhourd depuis 2014. Comment vois-tu l’évolution de ce sport ?

Deux mecs qui se tapent dessus dans une vieille salle des fêtes…. Le début du béhourd c’était ça, un côté un peu artisanal, on tâtonnait. Aujourd’hui, même si on ne cherche pas à avoir la même renommée que le football, on est de plus en plus connus, et reliés au terme « sport ». C’est un grand pas de plus vers la reconnaissance de la discipline aux yeux du grand public. Il faut que l’on tende vers une fédération officielle, permettant plus de facilité pour monter des clubs, trouver des sponsors et des aides financières. En tout cas, la bonne humeur et l’aspect « famille » sont restés intacts à travers les années. On s’apprécie tous, des amitiés se sont créées entre clubs et combattants.

307961006 513058837490220 562279142834395243 n

Coupe de France, Château Faugas, Septembre 2022

Y-a-t-il encore des points à améliorer d’après toi ?

Si la mentalité entre les combattants est géniale, je pense qu’il faut encore faire évoluer le regard que les gens portent sur notre sport. L’idée préconçue est que nous sommes des brutes sans limites. Or, nous avons des règles strictes, des coups interdits, et surtout une réglementation autour de l’équipement pour assurer sécurité aux combattants. Un travail de communication a été entamé au niveau de la fédération pour montrer ce que l’on fait réellement, briser les idées reçues et attirer les gens qui veulent pratiquer, organiser des événements ou tout simplement nous soutenir.

Envie d’en apprendre davantage sur Ronan ?

Ronan est ce qu’on appelle un vétéran. Après plus de huit ans à pratiquer le béhourd, dont quatre en tant que capitaine de l’équipe Martel, on peut dire qu’il a connu les tous débuts de la discipline… Et c’est complètement par hasard qu’il l’a découvert. « J’étais étudiant, je cherchais un costume pour une soirée déguisée. Et de fil en aiguille, je suis tombé sur des sites d’armures. Je me suis renseigné et j’ai fini par acheter du matos… comme ça ».

Drôle d’entrée en matière qui n’aurait pu être qu’un coup de folie ou une envie passagère. Mais le destin sportif de Ronan ne faisait que commencer. En plus de se passionner pour le sport en lui-même, il jette rapidement son dévolu sur la forge. Il apprend aux côtés d’un compagnon de devoir. Puis en autodidacte. Et réalise enfin la grande majorité de son armure actuelle.

311595596 10229275365766633 5109537779392515257 n

Ronan Desgranges VS Adrien Bedot

Une armure légère, facile à porter. Donc très adéquate pour son rôle de runner en milieu de lice. Très mobile et punitif face à ses adversaires, Ronan a acquis pas mal d’expérience depuis ses débuts. Mais lorsqu’il se rend au Tournoi de sélection pour l’équipe de France à Château-Thierry, en 2014, il fait ses premiers pas dans le sport, l’expérience est plutôt fragile. Martel arrive 3ème au classement. Et Ronan sort du lot dans une équipe de mercenaires appelée « Les Brigands Sexy »… « Le niveau n’était pas du tout le même à cette époque. Les combattants étaient plutôt des bagarreurs, pas vraiment de grands sportifs. De mon côté, je venais des arts martiaux (13 ans de karaté et 6 ans de box thaï), c’est pour ça que l’on m’a repéré je pense ». À cette occasion, il est sélectionné dans l’équipe de France pour participer aux Championnats du Monde… Rien que ça ! Après quoi il sera recruté par Martel.

Un beau démarrage pour Ronan, qui garde les pieds sur terre et sait pertinemment qu’une chance comme celle-ci n’arrive pas deux fois. Peu présent en 2022 en lice, il s’est tout de même distingué à maintes reprises en 5 vs 5 – son mode de combat préféré – et en profight ces dernières années. Et plus qu’un combattant, il est aussi capitaine des Martel, troisième club historiquement créé en France (après les Rôdeurs de l’Odan et la Confrérie des Loups)…

ceinture

La ceinture de Champion de France