Une France en progression pour la Coupe du Monde
C’était le tournoi international le plus attendu dans le monde du béhourd : la Coupe du Monde ! Elle ne s’était pas tenue depuis 2019 (crise sanitaire et guerre en Ukraine obligent). Au total, 57 équipes étaient inscrites, dont 48 masculines, pour performer à Libušín en Tchéquie. Et la France n’a pas manqué le rendez-vous, loin de là ! Avec pas moins de dix teams présentes (hommes et femmes), elle reste la nation la mieux représentée en lice.
5vs5 : la France résistante en phase de poule
Globalement, les phases de poule ont été très différentes selon les compositions. Après combats, quatre équipes françaises sont sorties première ou seconde de leur groupe pour participer aux 8e de finales. À commencer par les bretons Ar Groaz Du, LA belle surprise de ses 5vs5 : de la mobilité, de la ténacité et des mises au sol en cascades menées par leur numéro 2. Une technique cohérente et une belle progression en lice qui auront mis en difficulté chaque adversaire, notamment ceux à fort enjeu comme les polonais Sierotki et Aquila Sequania. D’ailleurs, sans surprise, les aigles sont restés fidèles à leur stratégie réfléchie et incisive. Une équipe homogène permettant ainsi à chaque combattant d’être à même de créer le surnombre. En deuxième place de leur groupe, les Messins Graoully. Au compteur des dragons : trois matchs remportés, dont un au timer face à MFC Vysocina, le tout grâce à une équipe résistante, aux forces certaines, mais qui doit encore trouver ses marques avec ses nouveaux membres. Sans oublier les Ardents, qui ont su manier l’hast habilement et prendre des initiatives malgré des matchs difficiles pour décrocher la 2e place de leur poule.
Premier du classement national en 2022, on attendait beaucoup de Martel. L’équipe francilienne a donné du fil à retordre avec notamment une rencontre en quatre rounds face aux Polonais Legenda Polnocy. Malgré une belle prestation dans son ensemble, Martel n’a pas pu creuser l’écart pour s’offrir des 8èmes de finale. Dans le même temps, en lice 2, les Lotharii Regnum se sont placés 3e de leur groupe avec trois belles victoires. Solides et mobiles, une belle progression technique permettra aux Lorrains de s’affirmer davantage. On ne les avait pas vu si frétillants depuis longtemps : Les Bannis de la Grenouille ont montré une complémentarité entre hastiers, une mobilité incisive et des nouvelles recrues prometteuses. Soulignons également la performance des Loups, avec cinq rounds exceptionnels et haletants face aux Israéliens d’Iron Dome, mais aussi cette folle résistance de leur numéro 1 face aux Iron Wolves en 1 contre 2. Et puis les Fera Sequania, forts de trois victoires, dont le jeu dynamique, la technique et la résistance n’auront pas suffit face à KSR et les Monégasques de Grimaldi Milites.
Chez les femmes, les Bretonnes de Korventenn An Ermin ont également croisé le fer pour la première fois lors d’une Coupe du Monde. Nos combattantes ont raflé la 3e place de leur groupe, même si l’entrée en matière contre les Américaines aurait pu en faire douter certains. À souligner : leurs trois rounds face aux Anglaises Hellions et les belles initiatives prises en lutte quasiment dans toutes les rencontres. En 12vs12, nos Françaises ont raflé la 2ème place aux côtés des Prague Vixens et Blood Griffins. Une récompense confortée après leur victoire face aux Australiennes et américaines, inclinées également par les Anglaises.
Un double titre de champion du Monde en 12vs12 et 30vs30
En 5vs5 on va plus vite, mais en 12vs12 on va plus loin. Un adage qui s’est vérifié lors de cette Coupe du Monde pour les catégories de masse. D’habitude face à face en lice, les clubs français se sont donc réunis pour former des alliances. Ronan Desgranges (Martel) et Pavel Chauchenka (Aquila Sequania) à la tête des tricolores, ont su miser sur les bons combattants pour qu’ils soient à la fois expérimentés et complémentaires. Car il fallait être rapide, efficace et ne laisser aucun doute sur l’issue des combats pour remporter l’or. Formée de membres d’Aquila Sequania, Martel, Graoully, Ardents et Grimaldi Milites, l’équipe de France a d’abord combattu en 12vs12 contre les Allemands, les Anglais ou encore les Tchèques et les Polonais. Malgré une résistance farouche de l’alliance anglaise, nos tricolores n’ont perdu aucun round dans cette catégorie et ont noyé leurs adversaires sous une avalanche de hallebardes. Des combats menés habilement et permettant à la France de remporter la première place.
En 30vs30, une alliance a été mise en place avec les Néerlandais (Lions Of Steel) et les Suisses (Morgarten). Une cohésion pertinente, notamment en bord de lice avec des trinômes réglés comme du papier à musique. Une catégorie pourtant difficile à mener tant par le nombre de combattants en lice, que par la rareté de ce type de mêlée en tournoi. Mais l’équipe de France a pu compter sur les affinités de chaque club portant le tabard français pour proposer une stratégie homogène. Une ligne de défense compacte, des attaques ciblées et un bon mental ont permis de venir à bout de l’entente américano-australienne puis anglaise (Israël, Italie et Norvège). Deux victoires qui assuraient déjà une place sur le podium, concrétisée en un deuxième titre de Champion du Monde après le forfait des Tchèques-Polonais.
Rappelons que la seule médaille obtenue par la France lors des Battle Of The Nations, était le bronze pour la catégorie 21vs21 lors de la 8ème édition à Barcelone en 2017. Une belle preuve de la progression du béhourd français et de la complémentarité des clubs qui composent la fédération aujourd’hui. Et une belle performance au vu de l’état de la lice dès les 5vs5 en raison d’une météo capricieuse.
La France, nation largement représentée chez les arbitres
Mais le béhourd c’est aussi l’arbitrage. Là encore, la France a répondu présente ! Victoria, Salomé, Lorelei, Pierre : ils étaient quatre arbitres français à se déplacer en Tchéquie. Une première internationale pour deux d’entre eux. « J’étais celui avec le moins d’expérience internationale. J’avais peur de la barrière de la langue et de ne pas réussir à tenir le rythme notamment pour les 12vs12 et 30vs30 : des catégories qui demandent beaucoup d’attention. Au final, j’ai su trouver ma place. Les knight marshals ont été très soutenants et contents de mon travail », se confie Dad’s avec soulagement. En plus des arbitres en lice, Xavier Depeyre s’est assuré de l’historicité des équipements. Une délégation compétente et surtout très passionnée.
Une occasion en or pour nos arbitres qui, au terme du tournoi, ont tous reçu leur certification Buhurt Global. De quoi mettre en lumière la progression de l’arbitrage français. « On prend du niveau, l’idée est de faire venir le grand patron de l’arbitrage international pour proposer une formation commune » explique Dad’s. Pour l’heure, une quarantaine d’arbitres est recensée en France pour quinze actifs en tournoi.
Félicitations à toutes les équipes françaises pour leur parcours, à l’équipe de France pour ce double titre. Un grand merci à l’organisation en la personne d’Alexander Titov, au comité d’arbitrage international. Nous souhaitons un prompt rétablissement aux blessés.
Crédit photos : Uranie Journaliste / uranie_behourd